Recommandations sur les facteurs de risque du syndrome fémoro-patellaire

 

Cet article aborde uniquement les facteurs de risques concernant les syndromes fémoro-patellaires. Pour compléter :

Recommandations sur son évaluation / Son traitement / Une suggestion de protocole d'exercices

 

Cet article est tiré de deux guidelines majeures :

Titre

Caractéristiques

2018 Consensus statement on exercise therapy and physical interventions (orthoses, taping and manual therapy) to treat patellofemoral pain: recommendations from the 5th International Patellofemoral Pain Research Retreat, Gold Coast, Australia, 2017

2017 - Basé sur 6 revues systématiques et 13 essais contrôlés randomisés, par un pannel de 41 experts

Patellofemoral pain: Clinical practice guidelines linked to the international classification of functioning, disability and health from the Academy of Orthopaedic Physical Therapy of the American Physical Therapy Association.

2019 - Basé sur 271 études (120 sur le diagnostic, 56 sur l’évaluation, 95 sur les interventions)

 

Il peut être facile de se perdre dans l’aspect multifactoriel du syndrome fémoro-patellaire (SFP). Le « mauvais alignement » de la patella a pendant longtemps été pointé du doigt comme étant le coupable idéal, mais il ne peut expliquer à lui seul l’ensemble des contraintes mécaniques aboutissant à ce syndrome douloureux.

L’IPPRR1 propose un modèle pathomécanique reprenant les principaux éléments pouvant aboutir à un SFP, et résume assez bien les points clés :

modèle pathomécanique du syndrome fémoro-patellaire

Ce modèle est cohérent avec les recommandations de l’APTA, même s’il ne prend pas en compte les facteurs psycho-sociaux et les autres facteurs biologiques possibles.

Référez-vous à notre article sur les recommandations sur l’évaluation du syndrome fémoro-patellaire pour vous guider sur l’évaluation du patient.

 

Facteurs de risques :

Attention, nous parlons bien ici d’éléments présents chez des sujets sains, et de leur impact potentiel sur l’apparition d’un syndrome fémoro-patellaire :

Facteurs anthropométriques :

  • La taille, le poids ou le pourcentage de masse graisseuse ne semble pas être un facteur prédictif de l’apparition d’un SFP.
  • Les femmes seraient 2.23 fois plus susceptibles de développer un SFP (relevé chez une population militaire)

Facteurs biomécaniques :

  • Une faiblesse des extenseurs de genoux serait prédictive d’un SFP. En revanche, l’angle Q (en charge ou non) et le valgus statique et dynamique du genou ne le seraient pas.
  • Des résultats conflictuels existent sur le lien entre force des muscles de la hanche et apparition d’un SFP. Les études de haute qualité ne montrent pas de liens, mais sont peu nombreuses. Les études de qualité plus faibles sont beaucoup plus nombreuses, et sont en faveur d’un lien. Il semblerait que la faiblesse de ces muscles soit une conséquence du SFP, mais, chez des sujets sains, sa présence ne serait pas prédictive de l’apparition de cette pathologie.
  • Une étude montre qu’une force élevée des abducteurs de hanche pourrait au contraire être un facteur de risque de développer un SFP. Le fait que cette étude ait porté sur une population d’adolescents sportifs explique ce paradoxe : chez ces sujets, une force élevée des abducteurs pourrait être le résultat d'une activité physique exigeante, d'un travail excentrique des abducteurs qui contrebalancerait des contraintes répétées d'adduction de hanche. La force des abducteurs ne serait alors qu'un marqueur des contraintes aboutissant à un SFP, pas sa cause.
  • Des résultats eux aussi conflictuels existent concernant l’impact de la biomécanique de la cheville et du pied. L’excès de pronation notamment, ne serait pas prédictif de l’apparition d’un SFP.

 

Attention aux interprétations ! à La faiblesse des muscles de la hanche, l’excès de pronation ou le défaut de contrôle moteur (« valgus dynamique ») ne semblent pas nécessairement être des facteurs de risque, et il n’est donc pas nécessaire de les traiter « en prévention » chez des sujets sains. En revanche, leur prise en charge est tout de même recommandée chez les patients atteints d’un SFP !

 

Facteurs « sportifs » :

Les athlètes se spécialisant dans un seul sport semblent plus à risque de développer un SFP que les athlètes s’investissant dans plusieurs activités sportives (relevé chez les femmes uniquement).

 

Facteurs psychologiques :

Du fait du caractère chronique et récidivant du syndrome fémoro-patellaire, on retrouve chez ces patients des éléments présents dans d’autres pathologies musculo-squelettiques chroniques : Anxiété, dépression, catastrophisation de la douleur, kinésiophobie. Ces caractéristiques sont présentes à des niveaux statistiquement plus élevés que la normale seulement chez les patients dont l’atteinte est sévère en termes de douleur et de fonction.

 

Facteurs pronostics de l’évolution de la pathologie :

Sans surprises, plus la durée des symptômes douloureux est grande et l’atteinte fonctionnelle importante, moins les résultats à long terme semblent positifs.

 

Conclusion :

En dehors d’une faiblesse du quadriceps, il existe peu d’éléments nous permettant de prédire l’apparition d’un syndrome fémoro-patellaire.

Il est important de garder à l’esprit qu’à l’image de certaines tendinopathies, le SFP est avant tout une « pathologie de contraintes ». Toute initiative de prévention devrait donc probablement reposer davantage sur une stratégie d’optimisation de la charge, en lien direct avec l’activité du sujet, plutôt que sur une « correction » préventive de particularités anatomiques (valgus, pronation ect…).

 

Ressources pour les patients :

OMT-France a traduit en français un excellent livret à destination des patients : « Gérer sa douleur fémoro-patellaire » [pdf]

 

Pour aller plus loin :

Références :

  1. Willy, Richard W., et al. "Patellofemoral pain: Clinical practice guidelines linked to the international classification of functioning, disability and health from the Academy of Orthopaedic Physical Therapy of the American Physical Therapy Association." Journal of Orthopaedic & Sports Physical Therapy 49.9 (2019): CPG1-CPG95.
    Accès libre [anglais] : https://www.jospt.org/doi/pdf/10.2519/jospt.2019.0302
  2. Collins, Natalie J., et al. "2018 Consensus statement on exercise therapy and physical interventions (orthoses, taping and manual therapy) to treat patellofemoral pain: recommendations from the 5th International Patellofemoral Pain Research Retreat, Gold Coast, Australia, 2017." British journal of sports medicine 518 (2018): 1170-1178.
    Accès libre [anglais] : https://bjsm.bmj.com/content/bjsports/52/18/1170.full.pdf